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Jacques Fosse, célèbre sauveteur

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Jaques Fosse
Jacques Fosse, négociant à Beaucaire, a été doué d’une de ces natures énergiques et d’une de ces organisations puissantes pour lesquelles le danger est un aiguillon ; il n’y a donc pas lieu de s’étonner que Fosse soit devenu le grand sauveteur des départements du Midi et de tous les lieux où il s’est agi de risquer sa vie pour en disputer une autre à quelque grand danger.
Fosse avait dix ans lorsque, pour la première fois, il donna des preuves de son intrépidité en retirant du Rhône un homme disparu sous un radeau. De treize à quinze ans, il sauva cinq personnes ; en 1836, à la foire de Beaucaire, il arracha aux eaux du Rhône : d’abord deux saltimbanques à la poursuite d’un ours, leur seule fortune, tombée dans le fleuve, et ensuite, après une lutte longue et dangereuse, l’animal lui-même qui paraissait peu d’humeur à se laisser reprendre. En 1839 après quatre sauvetages successifs, Fosse, qui avait alors vingt ans, obtient sa première médaille d’argent, suivie en 1840, d’une seconde médaille que lui valurent cinq autres sauvetages. Dans l’année même de son entrée au service militaire, trois artilleurs de la garnison de Besançon lui doivent la vie, et il obtient une autre médaille après avoir retiré du Rhin, à Strasbourg, deux militaires et deux chevaux qui s’y noyaient.
Les limites restreintes de notre cadre ne nous permettent pas de suivre Fosse dans le détail de tous ses actes de dévouement depuis 1840 jusqu’en 1855 ; nous nous bornerons à dire qu’à cette dernière date, ce courageux citoyen, auquel venait d’être décerné le prix Montyon, voyait enfin briller sur sa poitrine, déjà émaillée d’une foule de médailles d’argent et d’or, la décoration de la Légion d’honneur, récompense de plus de soixante existences arrachées aux flots ou aux flammes. Mais c’est au milieu des terribles inondations qui, en 1856, ont désolé la France, que le dévouement de Fosse a brillé de tout son éclat ; le département du Gard, l’un des plus éprouvés, se souviendra toujours de l’empressement avec lequel il se porta des premiers au poste du
danger ; et c’est surtout grâce aux énergiques efforts auxquels il se livra pendant huit jours et huit nuits, que dix-huit cents habitants de Valabrègue purent échapper à l’envahissement des eaux.
L’année 1857 ajoute enfin un nouveau trait d’intrépidité à cette liste que Fosse ne paraît pas disposé à clore ; au premier étage d’une ferme en feu se trouvait une malheureuse femme ; toutes les tentatives pour arriver jusqu’à elle avaient échoué ; Fosse se présente à son tour pour tenter l’ascension, il traverse sans hésitation la barrière de flammes devant laquelle les plus courageux s’étaient arrêtés et, après quelques minutes d’une profonde anxiété il reparaît portant dans ses bras le glorieux fardeau qu’il vient d’arracher à l’incendie.
 
Extrait de L’illustration N° 774 du 26 Décembre 1857.

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