Le petit oiseau à l’œuf d’or

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IL y avait une fois un jardinier qui avait deux fils. Un jour du mois de mai, comme il travaillait dans son jardin, il remarqua un petit oiseau comme il n’en avait jamais vu.
— Voilà un bien bel oiseau ! se dit-il à lui-même ; si je pouvais le prendre !
Il réussit à prendre le petit oiseau, et le mit dans une cage, avec l’intention d’en faire cadeau à son seigneur. L’oiseau y pondit un oeuf, qui était jaune comme l’or.
Le lendemain, la femme du jardinier devait aller en ville, pour porter des œufs à son seigneur, Il lui en manquait un pour achever ses trois douzaines. Elle prit l’œuf du petit oiseau et le mit parmi les autres ; puis, elle se rendit à la ville.
Quand le seigneur aperçut l’œuf jaune d’or, il fut étonné, et il dit à la femme du jardinier :
— Qu’est-ce que cet œuf-ci ?
— Ma foi ! Monseigneur, il m’en manquait un pour achever mes trois douzaines, et alors j’ai pris cet œuf jaune, qui a été pondu par un petit oiseau que nous avons à la maison.
— Comment avez-vous eu cet oiseau-là?
— Notre homme l’a pris, dans le jardin.
— Dites à votre homme de venir me voir, dimanche prochain, et d’apporter le petit oiseau.
— je le lui dirai, Monseigneur…
Le dimanche matin, le jardinier se rendit à la ville, emportant l’oiseau, dans sa cage. Il emmena aussi avec lui ses deux jeunes fils. Aussitôt que le seigneur vit le petit oiseau, il s’écria :
— Dieu, le bel oiseau ! Mais, que vois-je donc écrit autour de sa tête?
Et le seigneur lut alors, autour de la tête de l’oiseau, que celui qui mangerait son cœur trouverait, chaque matin, cent écus sous son oreiller.
— Holà ! pensa-t-il, voici une merveille !
Il faut me céder votre oiseau ! dit-il au jardinier.
— Volontiers, Monseigneur, puisqu’il vous plaît.
L’heure de la grand’messe était venue, et, avant de se rendre à l’église, le seigneur recommanda à sa cuisinière de lui faire cuire le petit oiseau pour son dîner, et de bien prendre garde de perdre son cœur, ou de le laisser manger au chat, car c’était là le meilleur morceau.
Le seigneur va alors à la messe, et le jardinier l’accompagne. Les deux fils de celui-ci étaient allés voir les bateaux, au bord du quai. Quand ils se furent promenés assez, ils retournèrent chez le seigneur. En arrivant dans la cuisine, ils n’y trouvèrent que la cuisinière. Ils virent, sur la table, le petit oiseau plumé, et, sur un plat, à côté, était son cœur. Les deux gars s’appelaient l’un, François, et l’autre, Allain. François, voyant le cœur du petit oiseau sur le plat, le prit pour une cerise rouge, et l’avala. Puis, ils allèrent jouer tous les deux dans le jardin.

Extrait des Contes populaires de Basse-Bretagne vol. 3 par F.M. Luzel, 1887

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